La récolte de glace sur la Chateauguay

Elzear Emond, Eugene Emond, Evanhoé Dumas, Cesaire Poissant, Arthur Morrissette, Gerard Perreault, Ernest Gilbault

Au Québec, l'hiver est une saison longue et rigoureuse. Mais pour les habitants de la Nouvelle-France, le froid n'était pas seulement un obstacle, mais aussi une ressource précieuse. Parmi les traditions hivernales les plus importantes, on trouve la récolte de glace sur les rivières. Cette pratique ancestrale a joué un rôle crucial dans la vie quotidienne des Québécois pendant des siècles.

Débuts de la récolte de glace

Pont Allan's Corners

Dès les premiers jours de la colonie, les colons français ont commencé à récolter la glace des rivières pour la conservation des aliments. Avant l'invention des réfrigérateurs, la glace était le seul moyen de garder les aliments frais pendant les mois chauds. La technique était simple : on découpait des blocs de glace dans la rivière et on les entreposait dans des glacières, des caves ou des bâtiments construits à cet effet. Certains habitants ayant accès a un point d'eau gelé faisaient et entreposaient leurs réserves eux même, les autres devaient la faire couper et livrer a contrat. Domina Lussier , James D Brysons et ses fils Wifred et Cameron ont été des coupeurs de glace sur la rivière Chateauguay.

L'essor de l'industrie de la glace

Au 19e siècle, la récolte de glace est devenue une véritable industrie au Québec. Des entreprises spécialisées se sont mises à exploiter les rivières pour fournir de la glace aux villes et aux villages. La glace était utilisée pour conserver les aliments, mais aussi pour rafraîchir les boissons et même pour fabriquer de la crème glacée. La laiterie Borden ouverte a Ormstown en 1914 a besoin de 18 000 blocs par année pour la conservation et le transport de ses produits laitier par train.

Une pratique dangereuse

Une telle pratique comporte son lot de risques, les chutes dans l'eau et les engelures sont fréquentes. A l'hiver 1914 , c'est l'attelage de chevaux de M. Brunet qui défonce la glace et se retrouve a l'eau. Heureusement les chevaux sont extirpés de l'eau indemne. Les promeneurs doivent aussi faire preuves de prudence comme le rapporte le Dr Abran, médecin de campagne a Hemmingford dans les années trente. En se rendant a un accouchement lors d'une froide nuit d'hiver le médecin se retrouve sur la rivière avec sa carriole : `` Hector et ses hommes y avaient creusé de gros trous pour en extraire leurs fameux bloc de glace. Se déplacer sur la rivière devenait donc un exercice périlleux. D'instinct, le cheval zigzagua tant bien que mal, évitant le danger.``

Déclin de la pratique

L'invention du réfrigérateur et les refroidisseurs a lait dans les années 1920 a sonné le glas de l'industrie de la glace. A Ormstown, vers 1939, Leo Brault et Aurèle Lussier équipent leurs fermes d'un refroidisseur a lait . La récolte de glace a progressivement diminué et a finalement disparu dans les années 1950.

La récolte de glace sur les rivières du Québec en hiver est un exemple fascinant de l'adaptation des humains à leur environnement. Cette tradition ancestrale a joué un rôle crucial dans la vie quotidienne des Québécois pendant des siècles et a contribué au développement de la société québécoise.

Sources

Ormstown 1889-1989

DrAbran, c'est une urgence

Très-Saint-Sacrement 1885-2010